Le rôle des Wakō dans les réseaux maritimes du XVIe et XVIIe siècles
Published:: 2023-01-06
Author:: William Favre
Topics:: [Japan] [Global history] [Korea] [China] [Military history]
[Image 1] Source: tiré du wakō zukan 倭寇図巻 (le «rouleau illustré des pirates»), papier, 32cm par 523cm, 1558, conservé aujourd’hui au Musée nationale de Chine Voir image, (consulté le 25.11.18).
Préface
À des fins de compréhension et de cohérence globale du dossier, les systèmes de transcription du japonais et du mandarin sont respectivement ceux dits de «Hepburn modifié» et le système pinyin, les plus largement utilisés dans leur langue à l’heure actuelle. Quant aux patronymes des personnages d’origine asiatique dans ce dossier, ces derniers seront placés dans leur sens originel, c’est-à-dire le nom avant le prénom.

Je tiens à remercier Nicolas Zufferey pour sa supervision et pour ses conseils avisés concernant sur les points de vue historique et méthodologique. Je voudrais également exprimer ma dette intellectuelle envers François Gipouloux pour son concept de la Méditerranée Asiatique, qui me servit particulièrement sur le plan méthodologique.
[2] Anthony, Robert J., «Bloodthirsty Pirates?», 2012, pp.482-483.
[3] Gipouloux, François, CNRS Editions, Paris, 2009, p. 79
[4] Calanca, Paola, les Indes Savantes, Paris, 2011, p. 53-54
Introduction: Qu’est-ce qu’un wakō?
La recherche ne saurait commencer sans une définition nécessaire de son objet d’étude principal, à savoir l’idée et l’identité des wakō. L’étude qui suit est tributaire des termes sur lesquels elle se fonde pour alimenter sa réflexion, en particulier si ceux-ci sont loin d’être neutres dans leur dénomination. Nous reviendrons plusieurs fois sur ce terme pour en approfondir ses différentes facettes.

Le nom de wakō ou wōkòu (倭寇) provient en fait d’une appellation de l’Histoire des Míng, (míngzhì 明史), à une période pendant laquelle les raids de wakō font rage sur les côtes de Chine méridionale. Pouvant se traduire par «pirates Wa», les wakō sont dans la mémoire historique collective du continent des pirates et des rançonneurs d’origine japonaise pillant les villages côtiers. Il en va d’emblée que cette vision est à pondérer, car elle est marquée d’une vision sinocentrée des évènements, où les autorités Míng se placent en défenseurs et comme tenant d’une civilisation opposée à la barbarie des marins asiatiques[2]. De notre point de vue d’observateur occidental, il est important d’effectuer un double décentrement, à la fois dans le temps et dans l’espace.

Les origines géographiques des wakō, contrairement à sa dénomination initiale, ne se borne non pas au seul Japon, mais également à la Chine et à la Corée. La multiplicité de la provenance des pirates dévoile la diversité et la richesse des connexions maritimes et des ponts de nature diverse reliant les différents pôles commerciaux de l’Asie orientale. Le substantif même de wakō masque des réalités plus complexes qu’il ne sous-entend de par son image monolithique. Nous garderons cependant le terme de wakō malgré ses contradictions intrinsèques pour des raisons de pragmatisme et de son acceptation globale.

Le cadre spatio-temporel dans lequel intervient cette recherche se situe à une période charnière pour l’histoire maritime de l’Asie orientale, entre la fin du XVe siècle jusqu’à l’aube du XVIIe. Ces bornes correspondent respectivement au début de l’expansion maritime s’opérant dans la région, en outre d’une reconfiguration des rapports commerciaux entre les différents acteurs avec la protectionnisme sévère du Japon dès 1630. Les délimitations[3] géographiques concernent autant les zones maritimes que terrestres, essentiellement les fronts côtiers. Les territoires maritimes en question sont les mers du Japon, de Chine orientale, de Chine méridionale et la mer Jaune. Cette portion du Pacifique forme un vaste espace navigable parsemé d’îles servant d'escales et de zones de ravitaillement entre les pôles économiques majeurs que sont l’empire des Míng, le Japon, la Corée et le royaume des Ryūkyū. Toutefois, gardons à l’esprit le caractère artificiel de ces délimitations[4] géographiques, étant plus une construction qu’une réalité physique.

Le cadre ainsi déterminé, la problématique posée dans le dossier est la suivante: «dans quelle mesure les pirates wakō ont-ils participé à l’interconnexion maritime entre les Míng, les Japonais et les Ibériques ?». La principale limitation se porte sur le rôle des Occidentaux dans les réseaux maritimes de cette époque, dont la position se retrouve renforcée dès la fin du XVIIIe et tout au long des siècles suivants. Afin de résoudre la problématique, trois questions connexes au sujet serviront de fil rouge. Par quels biais les wakō sont-ils connus ? Quel impact politico-économique attribue-t-on aux wakō sur les différents pôles économiques de la région, en complément de l’image néfaste qu’on leur prête? Comment interagissent-ils avec les acteurs occidentaux, plus particulièrement ibériques?

En suivant le cheminement tracé par les questions subsidiaires, les parties se suivent selon le schéma suivant: d’abord il sera question des canaux littéraires et iconographiques permettant de mieux appréhender les wakō; ensuite sera abordé le rôle politique des wakō et de leur poids en tant qu’acteurs économiques afin de dépasser les poncifs établis légués par la mémoire collective. Enfin, les rapports entre les Occidentaux et les wakō seront explorés plus en profondeur.
[5] Calanca, Paola, op. cit., p. 19.
[6] Calanca, Paola, ibid.., p. 19.
[7] Tanaka, Takeo, Kōdansha, Tōkyō, 2012, p. 20.
[8] So, Kwan-wai, Michigan State University Press, Detroit, 2012, p. 24.
[9] Cluw, Adam, « The Pirate and the Warlord »,, 2012, pp. 523-542, p, 524.
[10] Calanca, Paola, Les Indes Savantes, 2012, Paris, p. 11; 14.
[11] Calanca, Paola, op. cit., p. 11.
[12] Calanca, Paola, ibid, pp.11-13.
[13] Calanca, Paola, op. cit. , pp. 18-19.
[14] Gipouloux, François, CNRS Editions, Paris, 2009, p.91.
[15] Paludan, Ann, Thames and Hudson, Londres, 1998, pp. 178-179.
[16] Souyri, Pierre-François, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2017, pp. 168-169.
[17] Gipouloux, François, CNRS éditions, 2009, pp. 110-111.
[18] Gipouloux, François, op. cit., carte 5, p. V.
[19] So, Kwan-wai, University State of Michigan Press, Detroit, 1975, pp.145-147.
[20] Gipouloux, François, CNRS éditions, Paris, 2009, carte 5, p. V.
[21] Paludan, Ann, Thames and Hudson, Londres, 1998, p. 180
[22] Tanaka, Takeo, Kōdansha, Tōkyō, 2012, p. 218.
[23] Navires de pêche utilisés pour les pêcheurs locaux afin de combattre les pirates et maniables grâce à sa taille et à son faible tirant d’eau.
[24] Calanca, Paola, Les Indes savantes, Paris, 2012, p.235, trad. de Qi Jiguang, Jixiao xinshu, j. 18, p. 682.
[25] Souyri, Pierre-François, Perrin, Paris, 2012, pp.256-257.
[26] Tanaka, Takeo, Kōdansha,Tōkyō, 2012, p. 192.
Chapitre 1: Entre documentation et idées reçues
Pour commencer, il paraît important de poser les bases chronologiques et factuelles dans le but de comprendre le tableau contextuel dans lequel évoluent les différentes vagues wakō. Il s’agit en priorité d’introduire des éléments généraux permettant de s’affranchir de conceptions potentiellement erronées que nous tâcherons d’approfondir a posteriori, sans être pour autant sans repère.

Par quels canaux connaît-on les wakō? quelle en est leur typologie? Les documents permettant de retracer l’expérience historique qu’était la période des pirates dits «japonais» s’étirent sur une séquence longue de trois siècles, de la fin du XIIIe à l’aube du XVIIe, majoritairement du côté des Míng en matière de sources administratives et événementielles.[5] Les sources premières faisant mention des wakō correspondent à un type particulier, dont celle de la chronique historique, sous la forme d’annales. Comme son nom l’indique, l’auteur ou le chroniqueur y consigne, d’années en années, les événements ou les faits marquants de l’an écoulé, jugés comme significatifs. L’avantage réside en la régularité intrinsèque de ce genre de documentation rencontrée. En outre, le cadre chronologique précis offre la possibilité de se situer dans le temps du fait relaté avec une relative précision. L’une des[6] premières mentions des wakō figure d’ailleurs par le biais d’une chronique, celle de la dynastie coréenne de Koryŏ 高麗 en 1223. La chronique fait laconiquement état de[7] l’irruption de Japonais que l’on soupçonne être les wakō prendre d’assaut Kimju 金州. Le second document important voire incontournable dans le domaine de la piraterie en mer d’Extrême-Orient est le Míngzhì ou l’Histoire des Míng 明史, annale dynastique qui couvre la période pendant laquelle les attaques et les raids des pirates étaient les plus virulents. Un troisième ouvrage traitant des wakō est l’exégèse historique du Míng Shilu 明實錄 (la véritable chronique de la dynastie Míng) à propos du Míngzhi. L’écueil que les annales[8] historiques ont en commun est leur propension à émaner d’une volonté étatique d’archivage, avec ses canons et ses biais partagés de ses auteurs. Elles ne montrent en quelque sorte qu’une facette des plus néfastes des wakō vécue par ceux et celles qui ont en subit les conséquences. La fiabilité des faits rapportés est de même sujette à caution, sachant qu’on ne sait pas quelles sont les circonstances dans lesquelles ils ont été consignés.

Le second type de littérature primaire faisait mention de wakō sont de l’ordre de particuliers, et non d’origine officielle. Il s’agit le plus souvent d’une littérature prenant la forme d’un journal de bord ou d’un traité écrit par des particuliers pour leur propre compte.[9] D’un point de vue chronologique, l’histoire de la piraterie chinoise comporte trois périodes que la chercheuse Paola Calanca qualifie «d’âge d’or de la piraterie chinoise» : le milieu du[10] XVIe, les années 1640-80 et les «décennies à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles». Ces[11] trois grandes périodes correspondent en corollaire à des périodes de crises et tension relatives dans le système de garde côtière des dynasties Míng et Qīng. Elle est en soi une condition nécessaire, mais dont la réciproque s’avère fausse, par exemple durant la seconde moitié du XIXe où la faiblesse des infrastructures de défense côtière n’a pas donné d’antagonisme entre le gouvernement impérial et les pirates, mais à une collaboration entre ceux-ci et le gouvernement pour ainsi avoir une présence maritime forte, même si elle n’est pas proprement marquée du sceau impérial. Les trois séquences mentionnées ci-dessus ne sont pas pour autant les seules périodes d’activité de la piraterie chinoise, elles sous-entendent au contraire que les ères intermédiaires suggèrent une relative continuité de l’activité des pirates. Ces périodes observent une baisse d’intensité autant qualitativement que quantitativement, due au manque d’effectif ou de moyens.

Le premier âge d’or de la piraterie chinoise est celui des wakō à proprement dire. L’écueil à éviter serait de confondre l’époque des wakō avec d’autres époques de la piraterie chinoise et n’est valable que pour la deuxième moitié du XVIe siècle. Il est également intéressant de[12] remarquer que l’époque des wakō reste également dans les mémoires comme une période importante pendant laquelle des officiers et amiraux auraient combattu vaillamment le danger représenté par les pirates locaux. Les deux périodes suivantes sont identifiées comme étant[13] de ressort indigène, et non exogène inversement à la première. La caractéristique majeure de la période des wakō se distingue par sa perception exogène de l’origine des pirates de même que le sentiment qu’elle surpasse en importance les époques postérieures. Quels facteurs autorisent-ils un impact plus fort sur les mémoires de la première que sur les suivantes?

Plusieurs facteurs permettent de faire la lumière, qui sont de deux ordres: d’une part le contexte maritime au XVIe, d’autre part la configuration géopolitique des siècles suivants (XVIIe-XIXe siècles). Le premier élément, le contexte maritime dans lequel ont pris place les raids wakō a été particulier dans le sens où la région connaît depuis le milieu du XVe une période de croissance commerciale s’exprimant par une intensification du trafic en termes de fréquence. A cela s’ajoute la prépondérance nouvelle que prend l’itinéraire maritime de la Route de la soie, au détriment de l’itinéraire terrestre. La fin de la pax mongolica, puis la chute de la dynastie Yuán 元朝 expliquent la prise d’importance de la voie maritime par rapport à l’itinéraire continental. De plus, la dynastie Míng prolonge la politique maritime[14] instiguée par les Yuán et pousse plus loin encore, sous l’empereur Yǒnglè 永樂帝, en confiant à l’amiral Zhèng Hé 鄭和 la tâche d’organiser des expéditions pour étendre le réseau tributaire de la Chine par la mer. Il s’agit de l’une des rares périodes de l’histoire maritime chinoise où le gouvernement central mène une politique maritime aussi active. L’empereur Yǒnglè et ses partisans ont eu pour intention politique de réaffirmer le retour au pouvoir d’une dynastie chinoise et d’un sentiment de confiance interne fort ayant favorisé la réalisation de ce projet et du souvenir hérité de cette période. La mort de Zhèng Hé et de Yǒnglè aboutit cependant à un volte-face politique, prenant sa source dans la pression militaire exercée par les Mongols au nord de l’empire.[15]

Le second élément, à savoir le retrait des Míng de la scène maritime, puis la politique isolationniste des Qīng a conduit par effet à la fois d’imitation et en réaction à la présence de plus en plus forte des Occidentaux à un système de relations interrégionales contrastant avec l’ouverture du XVIe. Cela se traduit plutôt par des barrières douanières plus présentes, mais également par une volonté gouvernementale de contrôle sévère de ses relations extérieures pour ses ressortissants. L’émanation la plus connue en-dehors du système chinois de cette tactique est celle mise en place par le troisième shogun Tokugawa Iemitsu 徳川家光 dès 1635, celle du kinkai 禁海, popularisé à la période Bakumatsu 幕末時代 sous le nom de sakoku 鎖国. Par sa configuration même, le système de relation en vigueur du XVIIe au[16] milieu XIXe empêcha l’émergence d’une piraterie à une échelle internationale à l’image des wakō. La situation internationale encourage une piraterie plus modeste et joue sur d’autres[17] activités moins osées, comme la contrebande.

Après avoir abordé plus haut les aspects documentaire et chronologique, il est de bon ton de poursuivre avec un aspect plus géographique. Le déploiement dans l’espace maritime des routes partant de ports d’attaches aux principales côtes ciblées par les wakō ne s’est pas effectué de la même manière selon les périodes d’activité étudiées. Les wakō restent jusqu’au début du XVIe siècle dans la mer du Japon, en s’attaquant aux côtes de Corée et à celles des provinces modernes du Jílín et de la péninsule du Liáoníng 辽宁. Les côtes japonaises ne sont pas non plus à l’abri des raids car avant de devenir un phénomène régional, les wakō naviguent déjà le long des côtes du Pacifique, de la mer du Japon et de la mer intérieure de Seto 瀬戸内海. Les pirates y sont connus pour être un problème endémique depuis l’antiquité. Les principaux ports régionaux touchés sont Hanseong 漢城, en Corée; Dèngzhōu 鄧州 et Láizhōu 莱州, tous deux situés sur la péninsule du Liáoníng 遼東半島, en Chine. Jusqu’à la seconde période, les pirates préfèrent habiter, naviguant de proche en proche le long du littoral. Les seuls trajets plus directs sont effectués lorsqu’il agit de traverser la mer de Chine orientale pour accéder à la péninsule du Liáoníng en contournant la Corée ou pour traverser de part en part la mer Jaune.[18]

Dans la seconde moitié du XVIe siècle, le phénomène des pirates prend une dimension inédite et passe d’un problème localisé à une menace interrégionale allant des territoires initialement touchés à quasiment tout le littoral chinois, des provinces du Shāndōng 山東州 au Hǎinán 海 南州 et au-delà, jusqu’en Asie du Sud-Est. Le danger représenté par les wakō finit par prendre une proportion telle qu’elle inquiète même les dignitaires impériaux. Les wakō[19] entreprennent des raids dans des territoires inédits pour ces derniers, remontant même les fleuves navigables pour s’attaquer aux ports fluviaux à l’intérieur des terres, comme cela a été le cas de Nánjīng 南京 par le fleuve Yángzǐ Jiāng 揚子江, l’une des plus grands ports du Sud de la Chine et première ville de grande envergure en remontant le fleuve. Les voies empruntées suivent une tendance similaire, où la tactique du cabotage laisse place à des trajets plus directs, lorsqu’il s’agit par exemple de traverser les mers de Chine orientale et méridionale depuis les ports d’attache japonais, principalement localisés sur l’île méridionale de Kyūshū 九州. De tels trajets sont rendus moins ardus grâce aux îles situées au sud de Kyūshū, servant d’escale de ravitaillement, qui permettent aux navires de traverser la mer de Chine orientale sans devoir longer les côtes. Une seconde route côtière épouse le contour du[20] littoral donnant accès à des ports majeurs comme Guǎngzhōu 廣州 ou Xiàmén 厦門 (Amoy).

Une autre question pour compléter le tableau dressé par ce bref chapitre serait : a-t-on quelques estimations numériques sur les wakō, de sorte d’avoir une idée plus tangible du danger représenté par ces derniers pour les habitants des régions côtières? Il existe en effet des chiffres ou des estimations en la matière, or elles sont sujettes à caution, les chiffres étant une donnée annexe, censés donner moins une valeur fixe qu’un ordre d’idée. Ils peuvent de plus être manipulés pour appuyer certains discours, donc orientés. Les chiffres qui permettent d’avoir une bonne estimation de l’importance des dégâts, répercussion des nuisance wakō, permet d’appréhender les raisons pour lesquels les wakō ont commencé à être perçus comme un motif de préoccupation majeure pour les Míng, jusqu’au règne de Lóngqìng 隆慶 (1567-1571). Penchons-nous pour l’exemple au cas de la péninsule[21] coréenne, où le nombre d’attaque n’a pas dépassé les dix raids par année entre 1223 et 1374. A la fin du XIVe, on remarque une hausse marquée du nombre de raids entre 1374 et 1389, passant d’un maximum de 10 à 24 et dont le pic de 24 attaques est en 1383. Du côté chinois, le nombre moyen de raids ne varie pas grandement de celui de la Corée entre 1369 et 1551, tournant autour de 1 et 3 attaques par an. La tendance s’aggrave subitement sur une période allant de 1552 à 1568, où le nombre maximum d’attaques ne dépassent 8 par an...à un pic impressionnant de 101 attaques sur l’ensemble du littoral en 1555. L’évolution est pour le[22] moins brutale pour l’époque, sachant l’impact sur les esprits que peut avoir le nombre d’attaques multiplié par 50 en moins de cinq ans.

Au regard des sources iconographiques, en se fondant par exemple sur le wakō zukan 倭寇図 巻 ou le rouleau illustré des wakō, le mode opératoire wakō sous-tend l'utilisation de deux types d’embarcations. Le premier type de navire utilisé est une jonque à trois mâts conçue pour naviguer en haute mer et pour le transport de d’hommes et de marchandises. Une trappe au niveau du pont inférieur ou de la calle permet aux membres d’équipages de poser le pied à terre plus rapidement ainsi que de charger les éventuelles marchandises directement de les ponts inférieurs ou la calle. La taille de ces navires est incertaine mais ne semble pas dépasser les navires de guerre couramment utilisés par la marine chinoise pour contrer les wakō. Le plus usité d’entre eux est le fúquán 福船, jonques polyvalentes dont Paola Calanca traduit une description tirée d’un traité qui leur est dédié. Les fúquán 福船 sont hauts et grands comme les murailles; la force de l’homme ne peut les pousser, tout dépend de l’énergie du vent. Les navires des wakō arrivés jusqu’à présent sont petits comme nos petits «bateaux cángshān 倉山船» , c’est pourquoi les fúquán, profitant[23] des vents, les ont écrasés sans efforts. Toutes victoires remportées sur l’ennemi sont dues à la puissance des bateaux et non pas à la force des hommes.[24]

Les fúquán sont des navires répartis en plusieurs catégories en fonction des missions qui leur sont confiées dans la flotte, selon la classification de Paola Calanca. Les fúquán peuvent contenir entre une soixantaine et une centaine de membres d’équipage et comportent deux mâts. Outre la description élogieuse qui est faite du navire, sa taille atteste du fait que les navires utilisés par les wakō sont plus modestes que les leurs en termes de dimension.[25]

Une description par les yeux des marins de la flotte impériale nous octroie-t-il de considérer avec plus de clarté la réalité du terrain. Il a été en effet plus probable que les gardes-côte aient été confrontés à des esquifs plutôt qu’à des embarcations de taille plus massive en accord avec le mode opératoire des wakō, qui nécessite un moyen de transport maniable et rapide, par conséquent léger; mais surtout pouvant avoir accès aux hauts-fonds proches de la côte. Les contraintes pratiques mènent donc les pirates à adopter des sortes de chaloupes, probablement à l’origine destinées à la pêche ou à des déplacements sur des courtes distances. Le nombre de personnel embarqué est variable, or en se référençant aux illustrations du wakō zukan, le maximum ne dépasse guère six personnes, pour des raisons de flottabilité.[26] Voici une description sommaire des deux catégories majeures de bateaux employés par les wakō. En observant plus attentivement le wakō zukan, nous pouvons apercevoir des variations à ces catégories, avant tout fonctionnelles par rapport à la mise en œuvre de leur stratégie.
[27] Clulow, Adam, «The Pirate and the Warlord», 2012, p. 540.
[28] Tanaka, Takeo, Kōdansha,Tōkyō, 2012, pp. 22-23.
[29] So, Kwan-wai, Michigan State University Press, 1975, p. 36.
[30] Tanaka, Takeo, Chikuma Gakugibungo, 2012, p. 61.
[31] Souyri, Pierre-François, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2017, p. 188.
[32] Calanca, Paola, Les Indes Savantes, Paris, 2011 pp. 30-31.
[33] Calanca, Paola, op. cit, pp. 31-32.
[34] So, Kwan-wai, Michigan University State Press, Detroit, 1975, p. 122.
[35] Calanca, Paola, Les Indes Savantes, Paris, 2011, pp. 12-13.
[36] Calanca, Paola, op. cit., p. 53.
[37] Gipouloux, François, CNRS éditions, p. VI, carte 6.
[38] Tanaka, Takeo, Chikuma Gakugibungo, Tōkyō, 2012, pp. 171-172.
[39] Souyri, Pierre-François, Perrin, Paris, 2012, Chapitre 11.
[40] Clulow, Adam, «The Pirate and the Warlord», 2012, p. 527.
[41] Clulow, Adam, «The Pirate and The Warlord», 2012, p. 536.
[42] Clulow, Adam, op.cit., p. 537.
[43] So, Kwan-wai, Michigan University State Press, Detroit, 1975, p.1.
[44] Yamauchi, Yuzuru, Kōdansha, Tōkyō, 2018, pp.171-172.
[45] Paludan, Ann, Thames and Hudson, Londres, 1998, p. 179.
[46] Zufferey, Nicolas, Marabout (Hachette), Paris, 2008, pp. 239-240.
[47] Tanaka, Takeo, Kōdansha, Tōkyō, 2012, p. 24.
[48] Gipouloux, François, CNRS éditions, Paris, 2012, p. 109.
[49] Vu Thanh, Hélène, «Les liens complexes entre missionnaires et marchands ibériques : deux modèles de présence au Japon (1549-1639)», 2014, p. 3.
[50] So, Kwan-wai, Michigan State University Press, 1975, p. 31.
[51] So, Kwan-wai, ibid., p. 31.
[52] So, Kwan-wai, op. cit., p. 19.
Chapitre 2: Au-delà de l’image du fléau
Comme souligné plus tôt dans l’introduction, les origines géographiques des wakō prennent leur source dans trois zones géographiques majeures: l’archipel nippon actuel (l’archipel des Ryūkyū inclus), la péninsule coréenne et des côtes continentales chinoises. Une telle situation nous mène à repenser son rôle, in extenso l’impact politique en termes d’intermédiaire. La prééminence politique des wakō varie cependant au gré du contexte politique régional dans lequel ils évoluent. Il s’agit d’explorer les raisons qui ont mené des gens d’origines ethnique et sociale hétéroclites à prendre la mer sous la bannière des wakō. Il est tout aussi primordial d’évoquer comment les autorités locales, surtout au Japon et en Chine, considèrent et s’organisent dans leur riposte face aux wakō. La différence d’attitude à l’égard des pirates entre les régimes politiques se succédant en Chine et au Japon est tout autant riche d’enseignement.[27]

Le chercheur japonais Tanaka Takeo 田中武雄 discerne en deux vagues majeures imputables aux wakō. La première période s’étend de 1350 au XVe siècle et une seconde période au XVIe siècle. La différenciation entre les deux vagues se fonde sur plusieurs critères, dont la[28] composition ethnique des équipages et sur les espaces d’activité de ces diverses flottes. Durant la première période, les équipages se composent majoritairement de gens de mer originaires de l’archipel nippon et de la péninsule coréenne, avec un secteur d’activité principalement centré sur la mer du Japon et sur le littoral continental s’étirant jusqu’à la péninsule du Liáoníng. La seconde période observe un glissement de l’épicentre des opérations vers le Sud, en direction de la mer de Chine orientale et méridionale. La composition des flottes change de manière significative, où elle passe d’une majorité de marins japano-coréens à environ 20% à 30%, en grande partie remplacée par des Chinois venant des provinces côtières victimes de pillage. Dans les rangs des nouveaux venus s’immiscent quelques pirates originaires d’Asie du Sud-est et de la péninsule ibérique. La[29] première moitié du XVIe siècle est relativement calme par rapport au siècle précédent en raison de l’assaut par une coalition sino-coréenne sur les principales bases d’opération des wakō au large du Japon, notamment l’archipel de Gotō et l’île de Tsushima en 1423. Une fois les terres d’élection des wakō détruites, les pirates sont contraints de s’adapter en changeant de base d'opérations ou en se fondant dans la population. L’absence de débouchés commerciaux et de ports d’attache n’a pas permis l’émergence d’une nouvelle vague wakō.[30]

La seconde vague de piraterie du XVIe entre dans une phase de déclin dès 1587, date à laquelle Toyotomi Hideyoshi 豊富秀吉 envahit l’île méridionale de Kyūshū. Le deuxième des Grands Unificateurs réussit à pacifier la plus grande partie de l’île dès 1590, et entreprend de consolider son assise politique au cours des années 1590. Les deux mesures que ce dernier applique à cet effet a été premièrement, la réduction de l’indépendance politique des sengoku daimyō 戦国大名; dans un second temps en 1588 de démilitariser le pays en excluant le port d’armes sauf aux guerriers, une politique connue sous le nom de kengari 剣狩り. Les[31] activités des wakō en pâtit également, n’ayant plus d’appui de la part des daimyō locaux, mais surtout n’ont plus eu les moyens militaires d’effectuer leurs raids sur le continent. La fin du XVIe voit également une consolidation des fortifications côtières des Míng, ce qui complique davantage les campagnes de pillage. Le XVIIe et l’avènement de la Pax Tokugawa (1603-1868) conduit les wakō à modifier derechef leurs activités, dans la mesure où le second Shogun, Tokugawa Iemitsu (1623-1651) décide de réduire l’autonomie des daimyō en instaurant le système des résidences doubles entre le fief et la capitale, Edo. La centralisation politique du pouvoir par le bakufu 幕府 n’a pu tolérer une forme de commerce parallèle qui ne fût admise par l’Etat. Le shogunat décide d’octroyer à certains armateurs et entrepreneurs des monopoles commerciaux, appelés licences rouges 朱印船貿易 sur différents produits, majoritairement le transport de l’argent ou de soie grège sur le continent jusqu’en 1643. Les wakō sont soit retournés à leurs activités premières (commerce et production vivrière), soit se délocalisent plus au sud en direction de Taïwan, augurant la seconde période marquée par Coxinga.

Contrairement à une première idée véhiculée par l’historiographie chinoise, les wakō ne forment pas une entité homogène de par son organisation décentralisée et dans sa composition ethnique, comme nous l’avons vu en début de chapitre. Considérons le phénomène dans son ensemble comme un mode de vie qu’ont adoptés plusieurs générations d’individus ayant en commun d’avoir un contact proche avec le milieu maritime et aux activités économiques variées. La géophysique de l’espace d’origine est un élément primordiale, dans la mesure où elle impacte les individus. La topographie des espaces[32] d’origine est généralement abrupte, avec un arrière-pays difficile d’accès. Les zones[33] cultivables sont restreintes et appellent à un mode de vie où l’agriculture devient secondaire au profit du commerce et de la pêche. Une telle situation mène à une multiplication des facteurs de précarité pour la subsistance, entre les aléas climatiques et la navigabilité de la mer. Par la suite, une rupture de l’équilibre économique fragile mène à une absence des stocks disponibles, et à une pression démographique plus forte que dans d’autres habitats plus propices à l’agriculture.[34]

A ce cadre général s'ajoutent des contraintes humaines, imputables à des facteurs endogènes. L’exemple le plus éloquent est la politique de réglementation des flux maritimes des Míng qui interdisaient à leurs ressortissants de pouvoir d’entreprendre tout commerce sortant du cadre des échanges tributaires, de peur que les marges en question échappent au contrôle de l'État. Ces interdictions consistent en un levier législatif afin de combattre le banditisme et la criminalité dans des portions de son territoire qui échappent à son autorité. En outre, les autorités prohibent[35] l’accès aux habitants des côtes à l’arrière-pays montagneux. La haute mer 外海 figurent d’ailleurs comme un désert pour les lettrés de l’administration impériale, un milieu lointain et hostile où l’influence administrative ne s’applique sans handicaps majeurs.[36]

Outre les pôles portuaires précédemment cités, il nous faut citer les multiples territoires et îles qui forment à la fois des bases arrières et des zones d’entrepôts pour les wakō, qui se greffent sur des réseaux commerciaux déjà existants et largement usités par le commerce tributaire et par la contrebande. Les territoires correspondant à cette catégorie sont des archipels et des groupes d’îlots situés au large des trois grands pôles. Les principales îles en[37] question sont celles de Tsushima 対馬島, Gotō 五島列島, le royaume des Ryūkyū 琉球王国 et les îles au large de Taïwan. Leur rôle politique moins proéminent conduit les autorités insulaires à fonder leur stratégie politique sur les flux commerciaux qui transitent par leur emporium, en mettant à profit l’espace disponible sous forme d’entrepôts. Les régions les plus emblématiques sont les royaumes de Ryūkyū, l’île de Tsushima et l’île de Taïwan. A celles-ci s’ajoutent toutes les îles entre la province du Fújiàn et Taïwan.

L’existence de ces formes de cohabitation nécessaire infirme une vision binaire en ne voyant qu’un antagonisme entre les pirates d’un côté et les forces étatiques de l’autre. L’imbrication est plus complexe, dans la mesure où les pirates sont à la fois des moteurs et des bénéficiaires des réseaux commerciaux qu’ils empruntent. Elle souligne l’ambivalence également de[38] leurs activités, à cheval entre les domaines légaux et illicites: à la fois entrepreneurs, pêcheurs et pirates. Un des pôles économiques où l’antagonisme entre pirates et représentants de l’autorité en place se complètent est le Japon pendant l’époque Sengoku 戦国時代. La[39] période en question voit le territoire anciennement contrôlé par le shogunat précaire des Ashikaga 足利幕府 éclater en une multitude de fiefs et de petits «pays» détenus par les seigneurs de la guerre, ou sengoku daimyō. Les daimyō de fiefs côtiers, désavantagés stratégiquement ont su mettre à profit leur accès à la mer en louant à des entrepreneurs wakō ou en louant les services de ces derniers comme des mercenaires pour effectuer les basses tâches du seigneurs. Un exemple particulièrement éloquent de la coopération entre[40] seigneurs de guerre et grands entrepreneurs wakō sont celle de l’alliance entre le clan Matsura 松浦 du port de Hirado 平戸. Le port héberge peu avant l’invasion de Kyūshū par[41] Hideyoshi un trafic florissant, dont l’un des personnages les plus importants étaient Wāng Zhí 汪直, l’un de chefs wakō les plus important du XVIe. Dans le cas de Wāng Zhí, ce dernier[42] se sert du port japonais comme tête de pont pour lancer ses raids sur le continent, avant de vendre une partie de son butin contre de l’argent extrait au Japon, revendu par la suite sur le continent ou en Asie du Sud-est.

Une seconde idée reçue héritée des représentations chinoises de la piraterie est celle de la cruauté et de la violence des pirates wakō. L’imagerie de la violence est commune dans l’imaginaire collectif lié à la piraterie à différents endroits du globe. La spécificité de l’imaginaire de la violence appliquée aux wakō est liée à un discours centré sur des notions de moralité et de civilisation en Chine. Elle rejoint le nom donné aux wakō, que l’on peut traduire par «bandits ou criminels japonais». Une traduction telle indique la perception[43] négative que les éléments exogènes peuvent avoir: une sensation d’invasion et d’agression bien que le rapport de force soit numériquement en faveur des Míng. Cependant, le déséquilibre des effectifs n'exclut pas le sentiment de défection ou d’abandon par les autorités ressenties dans les communautés côtières durant les deuxième et troisième quarts du XVIe siècle. Malgré le nombre réduit d’effectif et d’embarcations, les wakō possèdent un double avantage tactique sur les Míng. D’une part, la tactique du raid-éclair sur les côtes et en s’attaquant de préférence sur des villages côtiers faiblement protégés leur permettent de causer des ravages sur terre avant de se replier rapidement bien avant que des renforts armés arrivent sur les lieux sinistrés. D’autre part, l’accès à la mer et les navires légers est l’une des clés de leur succès durable: la mer leur confère l’avantage d’être hors de portée des foudres des autorités impériales. En outre, le manque d’information sur la situation politique[44] chaotique au Japon souligne l’absence de réel intérêt politique pour la question de la piraterie: la plus grande menace reste la présence militaire mongole au Nord, pesant sur la frontière et la sécurité de la capitale.[45]

La troisième représentation à nuancer, léguée par la mémoire collective rejoint un discours plus souterrain sur le rapport entretenu par la Chine ancienne et sa conception de la civilisation. L’idée de civilisation wén 文 en Chine ancienne est profondément marquée par le confucianisme, où les civilisés sont les plus vertueux et se trouvent être les populations acceptant le modèle confucéen en plus d’un ordre sino-centré, basé sur une hiérarchie sociale avec l’empereur à son sommet, représentant du Ciel et garant de l’harmonie cosmologique sur terre. Sur ce socle se construit une conception des relations internationales et un[46] discours officiel légitimant un certain état de fait. La Chine se situe en centre de ce dispositif, en raison de sa position de région la plus civilisée de sa zone d’influence. Par la suite viennent les pays vassaux payants un tribut aux Míng, considérés encore comme semi-barbares. Enfin, les barbares véritables sont ceux qui défient ou ignorent le modèle et l’autorité chinoise. Les wakō peuvent être classés dans cette catégorie, car ces derniers contestent ouvertement l’autorité impériale et perpètrent des actes considérés comme immoraux selon les catégories chinoises. C’est pourquoi le déni de civilisation des pirates s’accompagne en Chine ancienne d’une vision exogène des wakō, jusqu’à découler sur leur apparence. Ceux-ci sont décrits comme des individus en tunique courte, quasiment nu sous leur tablier et au chignon défait. Cette représentation se retrouve sur les rouleaux illustrés qui cristallisent selon les représentations les moeurs déviantes des pirates.

Nous avons précédemment à quel point le terme «wakō» est connoté, voire contradictoire lorsque la portion de pirates japonais ne dépasse pas 30% des effectifs… Statistique qui provient elle-même d’observations faites par des observateurs contemporains aux exactions des wakō. Les témoins, souvent originaires des provinces subissant les plus nombreux assauts des wakō (celles du Fújiàn 福建 et du Zhèjiāng 浙江) remarquent que la plupart des prisonniers capturés au cours des campagnes d’éradication des pirates sont des indigènes, issus des rangs populaires des communautés côtières, à hauteur de 70 à 80%. Il est[47] davantage intéressant de noter que les dirigeants des différents mouvements sont en réalité des notables de ces mêmes provinces qui ont tout à gagner d’encourager ce genre d’activités commerciales très lucratif, profitant de l’expansion économique du Japon causée par l’arrivée sur les réseaux asiatiques de l’argent japonais dès la fin du XVe et par la suite au XVIe en[48] réponse à l’augmentation de la demande d’argent des Míng. Les élites guerrières de[49] l’archipel quant à elle n’assument qu’un rôle secondaire dans le réseau régional qui s’est constitué dans les premières décennies du XVIe en étant à la fois créanciers, clients et membres d’équipage des pirates asiatiques. Les témoins contemporains sont au fait de cette contradiction. Ils expliquent que la persistance du terme même participe à une stratégie donnée. Le nom de wakō se mue dans ce cadre en une couverture, un flou assumé afin d’agir avec une certaine marge de manœuvre. Les pirates sont conscients de l’illégalité de leur[50] activités et espèrent de cette manière éviter à leurs familles les retombées pénales de leur exactions. Citons en exemple Hsueh Ying-qi, un lettré originaire du Jiāngsū évoque ce problème dans son essai La rectification des noms.

«Certainly they want to call themselves by the name Wo. But if we call them Wo, we would have fallen into their tricks, for we have failed to say that they are really not Wo. It is because, in truth, the rebels of our Middle Kingdom have served as ringleaders and guides and have invited the Wo barbarians to be their helpers. By the name Wo then they can hide themselves and get under cover, and their families and relatives would be protected from danger.»[51]

En résumé, les raisons qui poussent principalement des individus à prendre la mer sont avant tout des considérations économiques et de subsistance. La part de marins japonais participants aux raids est bien plus basse que ne laisse penser le terme de «wakō», le quart des effectifs totaux. Par la suite, trois idées reçues ou conceptions exagérées sont à mesurer: l’opposition entre les autorités, la violence et la cruauté des pirates et enfin le manque de civilisation de ces derniers. A ce tableau circonstancié s’ajoute un nouveau paramètre, celle de l’irruption dans le paysage d’un nouveau type de pirates, les folangsi 仏狼機国人 ou les «pirates francs».[52]
[53] Vu Thanh, Hélène, «Les liens complexes entre missionnaires et marchands ibériques : deux modèles de présence au Japon (1549-1639)», 2014, p. 6.
[54] Gipouloux, François, CNRS éditions, Paris. 2009, p. 141.
[55] Tanaka, Takeo, Kōdansha, Tōkyō, 2012, p. 23.
[56] Gipouloux, François, CNRS éditions, Paris, 2009, pp. 143-145.
[57] Gipouloux, François, CNRS éditions, Paris, 2009 pp. 121-123.
[58] Tanaka, Takeo, Kōdansha, Tōkyō, pp. 119-120.
[59] Gipouloux, François, op. cit., p. 11.
[60] Gipouloux, François, op. cit., pp. 144-45.
[61] Gipouloux, François, CNRS éditions, Paris, 2009, p. 147.
[62] Gipouloux, François, ibid, p. 147.
[63] Gipouloux, François, op. cit., p. 138.
[64] Tanaka, Takeo, Kōdansha, Tōkyō, 2012, p. 218.
[65] Terme utilisé par les Japonais pour désigner les Ibériques, traduisible par «barbare des mers du Sud».
[66] Tanaka, Takeo, Chikuma Gakugibungo, Tōkyō, 2012, pp. 184-185.
[67] Gipouloux, François, CNRS éditions, Paris, 2009, pp. 164-167.
[68] Gipouloux, François, op. cit., p. 149.
[69] Vu Thanh, Hélène, «Les liens complexes entre missionnaires et marchands ibériques : deux modèles de présence au Japon (1549-1639)», 2014, p. 3-4.
Chapitre 3: L’arrivée des Occidentaux en Extrême-Orient
Qu’entend-on par le terme « occidental » ? Dans le contexte de ce chapitre, il s’agit des royautés ou républiques européennes ayant poussé l’exploration maritime au-delà des frontières antiques et à avoir initié la première mondialisation à la fin du XVe et tout au long du XVIe. La liste comprend les royaumes ibériques, comme l’Espagne et le Portugal, par la[53] suite l’Angleterre et les Provinces-Unies. Quand les premiers navigateurs européens arrivent en Asie du Sud-Est à l’aube du XVIe, ces derniers se retrouvent dans un maillage maritime déjà occupé par des marchands et marins malais, chinois, gujaratis et arabes. La section[54] comprise entre la mer de Chine orientale et du Japon ne fait pas exception non plus. Elle est principalement parcourue par des marins chinois, coréens et japonais. Les wakō permettent aux Occidentaux, dans ce contexte d’établissement, de s’immiscer plus facilement dans un marché déjà concurrentiel.

Quelles caractéristiques chez les wakō ont-elles permis aux Occidentaux un accès facilité ? L’explication prend sa source dans la manière dont s'organisent les Portugais et Espagnols, pionniers européens dans la pénétration du marché asiatique, de même que dans l’extension du champ d’action des wakō, allant des côtes chinoises jusqu’au Vietnam. Il est important[55] de préciser qu’il s’agit plutôt d’une zone d’influence économique que ceux-ci possèdent au moyen de leur flotte. La pénétration des marins portugais et espagnoles en Asie orientale n’a pas été l’effet unique de la présence de la piraterie indigène, mais aussi de la réaction des autorités Míng, principale victimes des raids des wakō, facteur qui tient moins d’une conséquence de leur actions que le fruit de leur volonté propre.

La seconde variable de l’équation à considérer sont les Européens eux-mêmes. Les Portugais notamment, possèdent des atouts structurels et tactiques qui leur confèrent un avantage certes léger, mais suffisant pour assurer une certaine suprématie, de là une sécurité sur ses routes d’approvisionnement.[56]

L’influence des wakō vient d’une part des diasporas japonaise et chinoise sur lesquels s'appuient les pirates comme intermédiaires en Asie du Sud-est; d’autre part, certaines bandes se muent en véritable flotte sous l'impulsion de chefs qui se convertissent en entrepreneurs maritimes. La force d’impact, et donc d’influence des wakō est venue par ailleurs d’un vide de pouvoir ou de contrôle sur les territoires insulaires et côtiers. Les raisons à cette situation dépendent du territoire[57] dans lequel se situent les bases d’opérations. Au Japon, la division politique et le climat politique instable favorisent une implantation facilitée et une perspective d’activité rémunératrice pour les pirates asiatiques. Du côté des Míng, la lenteur de la riposte a une cause multifactorielle, tenant à la fois d’un manque d’intérêt de la part de l’administration impériale pour l’expansion maritime et d’un affaiblissement général de la dynastie provoquée par la menace mongole au nord. Le tout est doublé d’une donne climatique désastreuse pour les rendements agricoles.

La supériorité stratégique et militaire des Portugais ne provient pas seulement de sa technologie navale. Les inventions qui permettent aux Occidentaux de s’aventurer jusque dans l'océan pacifique comme le sextant ou le gouvernail d’étambot ont leur propre équivalent en Asie orientale, sous la forme de la jonque à fond plat, les mêmes navires qui[58] permirent à l’amiral Zhèng Hé d’entreprendre son voyage jusqu’à la côte orientale de l’Afrique dans les années 1430. Les Portugais, qui ont été les premiers européens au XVIe à[59] s’affirmer en Asie orientale comme puissance maritime, suivis de près par les Espagnols, tirent leur avantage majoritairement de la puissance de feu de leurs navires. L’invention de la sabore et l’amélioration des techniques de manufacturation des canons ont augmenté substantiellement le nombre de canons embarquables sur les navires de guerre, impactant la puissance de feu. Ce pouvoir militaire supérieure et la distance considérable qui séparent les bateaux de leurs ports d’origine (aggravé par le manque chronique d’effectifs provoqué par la désertion ou les épidémies) façonne la stratégie adoptée par les Portugais pour s’accaparer les routes maritimes des épices allant de l’archipel indonésien à l’océan atlantique, en passant par l’océan indien.[60]

La stratégie de conquête adoptée par les Portugais est fondée principalement par la prise par les armes ou par des moyens plus pacifiques des territoires à la superficie réduite, mais ayant un intérêt stratégique primordiale et qui permettent un contrôle efficace des routes maritimes entre les zones de production à la métropole, tout en passant par des passages souvent critiques, comme le Cap de Bon-Espérance. Cependant, la conquête ne suffit pas à maintenir une présence durable, il est nécessaire pour cela d’avoir l’appui des voisins et des populations soumises, qui y trouvent un certain intérêt, le plus souvent de nature politique ou économique. La durabilité relative de la thalassocratie portugaise réside malgré dans son extension tient de plus à la manière dont la présence lusitanienne s’incarne sur place. Le personnage du casados, le plus souvent issu des couches aisées de la société portugaise d’alors se comporte comme un représentant in situ des autorités royales et gère son activité comme une entreprise, l’établissement devenant un port et un entrepôt où transitent les produits destinés à la fois au commerce longue distance et au commerce local. Les[61] interlopes d’une part et les missionnaires d’autre part comptent dans leurs rangs des chrétiens nouvellement convertis, appelés cristão novo. Ces nouveaux chrétiens sont issus des communautés non-chrétiennes ibériques converties à l’issue de la Reconquista de la fin du XVe siècle. Pour conjurer tous soupçons pesant sur eux, ces derniers pratiquent des activités où la franchise de leur conversion est difficilement remise en question. L’implantation dans[62] le commerce locale des Portugais permet de faire fructifier les trajets Europe-Asie, coûteux en ressource et en homme, et par dessus tout tributaire des vents de mousson pour les voyages transocéaniques. Les navires font dès lors des courts trajets entre les îles de l’archipel indonésien et l’Asie de Sud-est pour les épices et l’argent.[63]

En se superposant aux marchands chinois et malais, et en évinçant les marchands arabes de la mer de Chine méridionale, les Portugais deviennent des acteurs majeurs du marché régional.
Avant leur fusion des deux couronnes ibériques de 1580, les deux royaumes sont en compétition directe pour le contrôle de la route des épices et de leur source. Une telle situation d’émulation à la fois économique et éminemment politique provoque une recherche intense pour des nouvelles perspectives d’expansion. Cela motive par exemple les Portugais à fonder des villes tels Macao en 1557 ou à s’établir à Nagasaki au plus près des ports les plus actifs de la région. L’établissement de cet avant-poste commercial correspond également à l’apogée de la deuxième vague des wakō, celle du milieu XVIe siècle. Les wakō constatant[64] l’irruption des nanban 南蛮 dans leur terre d’élection, c’est-à-dire sur le littoral sud-chinois,[65] la rencontre entre les deux entités n’a pas probablement été sans tension. Les rencontres ne se font d’ailleurs pas qu’en mer: les missions de commerce et d’évangélisation tente d’approcher la cour impériale par le Sud, depuis les premiers comptoires portugais (Malacca, Macao, Nagasaki).

Quelles traces et de quels types ce contact à la fois sur mer et à l’intérieur des terres, ont-elles laissés? La rencontre par les wakō des Portugais n’a pas vraisemblablement pas été marqué de manière significative par de la violence, ce qui n'exclurait pas à priori de tels épisodes.[66] Les wakō y voient-ils peut-être une présence trop réduite par sa nombre pour représenter une quelconque menace pour leur suprématie sur les mers jouxtant la côte chinoise. Les wakō en favorisant l’établissement des comptoires portugais et en consolidant leur présence en Extrême-Orient, deviennent un rouage d’une dynamique où leur zone d’influence se fond dans une économie-monde de commerce longue-distance. Les raisons qui conduisent les[67] Portugais, notamment représentés par Fernão Mendes Pinto au moment de leur arrivée au Japon, mais également de l'Église, l’un des principaux investisseurs de l’entreprise coloniale avec les acteurs étatiques.[68]

Du côté chinois, les autorités impériales considèrent les Portugais comme une nouvelle sorte de pirate aux côtés des wakō, avant de se rendre compte que ces derniers sont un nouvel acteur avec qui entretenir des liens commerciaux et tributaires. Malgré cette dimension s’affirmant progressivement, les Portugais n’hésitent pas à profiter de leur position ambigüe pour jouer sur les deux tableaux. Cette caractéristique unit d’une certaine manière les pirates[69] asiatiques avec les Portugais car ils sont tous deux des rouages d’un maillage de liens de clientélisme entretenus avec les notables des provinces littorales du Fújiàn et du Zhèjiāng. Les relations de clientélisme sont à voir telle une interdépendance où chaque partie trouve son intérêt; par exemple des concessions territoriales au sud de la Chine pour les Portugais.
[70] Tanaka, Takeo, Kōdansha, Tōkyō, 2012, pp. 23-24.
[71] Tanaka, Takeo, op. cit., pp. 168-169.
[72] Souyri, Pierre-François, Perrin, Paris, 2012, p. 258.
[73] Hélie, Jérôme, Armand Colin, Paris, 2016, pp. 52-54.
[74] So, Kwan-wai, Michigan State University Press, Detroit, 1975, p. 210.
Conclusion: La postérité des Wakō
Un résumé bref des enjeux est de bon ton avant de répondre à la question initiale. Dans la première partie, il a été question des aspects plus factuels, descriptifs du savoir historique accumulé sur les wakō, pour ainsi former un socle pour le reste du développement. La thématique suivante est la séquence temporelle et géographique en deux phases de l’évolution des wakō, avec une première étape allant du XIIIe au XVe durant laquelle cette forme de piraterie reste un phénomène de nature essentiellement locale à la région comprise entre la mer de Bohai et l’archipel nippon. La seconde étape s’étend sur tout le XVIe, elle est une[70] période d’expansion rapide et que l’on peut considérer comme l’apogée du phénomène avant le déclin du dernier quart du XVIe siècle.[71]

La seconde partie traite des aspects socio-économiques de la piraterie indigène; essayant de brosser un portrait sommaire de l’organisation des wakō ainsi que des raisons pour lesquelles les marins ont été motivés à prendre la mer pour se comporter en «Vikings d’Extrême-Orient». Cette brève sociologie des wakō est l’occasion également de se[72] renseigner sur les agressés et l’image que ces derniers se font des wakō; des représentations pour lesquelles une déconstruction a été nécessaire afin de cerner les aboutissants du discours associant pirates et étrangers par une cruauté hors des normes de civilisation chinoise. Il s’avère en fait d’une forme hyperbolique, exagérée de violence utilisée comme une arme psychologique dans le but de faciliter les opérations mais aussi pour s’assurer la coopération des victimes.

Le troisième chapitre présente la rencontre entre les Européens et les wakō. Il met en avant les raisons pour lesquelles les navigateurs occidentaux, en particuliers les Ibériques (Portugais et Espagnols), se sont aventurés jusqu’en Extrême-Orient: l’accès à la façade pacifique de la Chine et le débouché commercial au très grand potentiel qu’elle représente. Les premiers contacts entre les wakō et les Ibériques se sont déroulés selon un schéma ambigu, entre compétition et cohabitation, voire coopération intéressée. Cette coopération, motivée par des enjeux commerciaux, a permis sans qu’on le sache à une première connection à l’économie-monde avec des répercussions moins dramatiques que pour les cas américains ou africains, celle de la première mondialisation.

Quels seraient les pistes pour enrichir, élargir le débat? Deux pistes sont envisageables à cet effet. Ces dernières ne sont que des pistes potentielles parmi bien d’autres mais figurants parmi les plus proches du point de départ représenté par la problématique de cette recherche. La première serait d’inscrire le chapitre de la piraterie wakō et son rôle dans la connexion asiatique à l’économie-monde dans le cadre plus large de l’histoire de la mondialisation; des divers liens les reliant au reste du globe. L’interconnexion entre différentes zones de la planète s’est faite de manière non-linéaire et avec les disparités connues de ses retombées, d’autres l’ayant subi de plein fouet dans des proportions dramatiques, ainsi les Aztèques face aux Espagnols. Mettre en parallèle les deux mondialisations, en plus de ses acteurs locaux[73] permettrait d’avoir plus circonstancié, renouvelé autour du parcours des wakō, plus précisément connaître la contribution de l’Asie de l’Est et de ses vecteurs commerciaux. La seconde piste serait d’ordre plus historiographique: en replaçant sur le temps long la perception que se fait l’historiographie chinoise des Japonais passe de nombreuses étapes, dont celle de la fin du XVIe siècle où les wakō et les invasions coréennes de 1596-98 ternissent l’image. Il est frappant de remarquer la résilience de la dénomination de «wakō»[74] reste encore aujourd’hui, malgré les nombreuses recherches soulignant la face interrégionale du phénomène, d’usage dans l’historiographie contemporaine.
Bibliographie
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Articles:

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Documents iconographiques
Les présents documents permettent majoritairement de disposer des documents iconographiques et des cartes afin de faciliter la compréhension des informations données à par l’utilisation d’autres média.
Wakō zukan, ou rouleau illustré des wakō, peinture à l’encre sur papier, 32 cm par 523 cm, 1558, conservé aujourd’hui au Musée nationale de Chine. (consulté le 25.11.18)
Voir source >>
Wakō zukan, rouleau illustré sur des wakō, peinture sur soie, début du XVIIe siècle, Chine, conservé aujourd’hui à l’institut historiographique de l’Université de Tōkyō. (consulté le 21.12.18)
Voir source >>
Ci-dessous: une scène de prospection et de préparation par les wakō dans un environnement de golfe. Leur présence est indiquée par deux fanions montés sur deux lances et portés par deux pirates. Source: Tanaka, Takeo, Kōdansha, 2012, p. 196, tiré du Chūkaizuhen 壽海図編, chronique écrite en 1562 et l’un des premiers ouvrages à fournir des cartes précises du littorale sud de la Chine.
Ci-dessous: une scène débarquement de deux jonques à trois mâts wakō sur la côte, annonçant un raid imminent. Source: Tanaka, Takeo, Kōdansha, 2012, p.193, tiré du wakōzukan 倭寇図巻 ou rouleau illustré des wakō.
Ci-dessous: un groupe de pirates armés de lances et de sabres gravissant une colline. Source: Tanaka, Takeo, Kōdansha, 2012, p.195, tiré du wakōzukan.
Ci-dessous: une figuration d’un jonque de taille moyenne en haute mer, avec cinq membres d’équipage à son bord. Tanaka, Takeo, op. cit., p.192, tiré du wakōzukan.
Cartes
Ci-dessous: carte de l’île principale du Japon, Honshū et de son découpage administratif. Source: Tanaka, Takeo, Kōdansha, 2012, p. 158-159. Tiré tous deux du Nihonkozu 日本国図 (Cartes du Japon) se trouvant dans le Nihonzusan 日本図纂 (Compilation des cartes du Japon).
Ci-dessous: carte de voies maritimes empruntées par les wakō et des zones côtières touchées, ainsi que des ports d’attache aux XVe et XVIe siècles. Indiqué par un losange vert: les principales villes et ports du continent. Source: Gipouloux, François, CNRS éditions, 2009, p. V, carte 5.
Ci-dessous: carte des réseaux commerciaux du royaume des Ryūkyū. Source: Gipouloux, François, op. cit., p. VI, carte 6.
Ci-dessous: deux cartes des routes commerciales dans l’Océan indien et en Asie du Sud-est en fonction des moissons et carte des comptoires coloniaux portugais au XVIe siècle. Source: Gipouloux, François, CNRS éditions, 2009, pp. VII-VIII, cartes 7 et 8.
Ci-dessous: Carte de la zone d’activité des wakō sur le continent au XVIe siècle. Source: So, Kwan-wai, Michigan State University Press, 1975, p. 8, carte 1.
Ci-dessous: Deux cartes des provinces du Zhèjiāng et du Fújiàn avec en légende des villes prises, assiégées par les wakō ou servant de base aux pirates. Source: So, Kwan-wai, Michigan State University Press, 1975, pp. 10-11, cartes 3 et 4.